La renaissance du Domaine de La Croix

Domaine de la Croix :

Dans les années 60, plusieurs secteurs ne sont plus cultivés, notamment autour de la ferme de Pardigon. D’autres terrains, exploités en vigne ou en bois, sont cédés pour la réalisation des premiers lotissements de la Villa Normande et de la Pinède.

Dés 1971, dans le rapport moral à l’Assemblée Générale, le Président signale qu’il a pris vigoureusement position au nom de l’Association auprès de la Mairie contre un projet de lotir les vignes situées dans la plaine entre la “villa Normande” et le village.

En 1982, l’Association fait partie du groupe de travail en Mairie pour la préparation du Plan d’Occupation des Sols (POS). Elle insiste pour que soit garantie la protection du vignoble et de la zone boisée du Vergeron.

En 1986, la loi Littoral renforce la protection des zones agricoles, notamment dans les espaces proches du rivage. La cartographie établie par l’Administration mentionne trois “coupures d’urbanisation”, à Pardigon, à Tabarin et au Vallon Valmer.

Le POS de 1997 supprime la zone NA située dans l’espace boisé du Vergeron au-dessus des vignes de Tabarin et la reclasse en zone naturelle ND inconstructible.

En 2001, la faillite de la société d’exploitation du Domaine de La Croix fait peser de sérieuses menaces sur l’avenir des domaines de La Croix et de la Bastide Blanche. Nonobstant le coût du foncier, l’acquéreur devra engager des capitaux très importants pour rénover totalement un vignoble qui avait perdu progressivement ses qualités viticoles.

Quels étaient alors les enjeux ? Fallait il soutenir une solution “professionnelle”, en favorisant l’installation de jeunes viticulteurs sur des exploitations de 15 à 20 Ha ?

L’expérience rapporte qu’en maints endroits, le morcellement des exploitations a conduit à des opérations immobilières, commençant par la construction d’un bâtiment d’exploitation avec un logement d’exploitant, puis à la sous traitance de la culture de la vigne, avec transformation des bâtiments agricoles devenus inutiles en extension de l’habitation non professionnelle. Devant les difficultés économiques, la vigne est à l’abandon, pour être remplacée par un grand parc. C’est un cycle de 10 à 20 ans.

Au cas particulier, le danger était d’autant plus important que les vignes étaient dans un très mauvais état et nécessitaient de lourds investissements pour leur régénération.

Fallait il souhaiter une intervention du Conservatoire du Littoral, pour mettre définitivement ces terrains à l’abri de toutes tentations ultérieures ? Cette démarche recevait à priori un écho favorable, sans pour autant se cacher plusieurs difficultés: Le Conservatoire a des moyens pour acquérir le foncier ; il n’en a pas pour investir dans la gestion, qui est confiée à un exploitant.

Domaine de La Croix, route du Tabarin

 

Au cas particulier, les chiffres sont impressionnants :

  • Le Domaine a été vendu 65 Millions de Francs, soit 20 Millions de FF de plus que l’offre présentée par un montage organisé par le Conservatoire.
  • Les investissements nécessaires à la renaissance du Domaine nécessiteront un apport supplémentaire de 50 à 60 Millions de Francs prévus par l’acquéreur.
  • Le Conservatoire entendait limiter son intervention au seul Domaine de la Bastide Blanche (55 Ha dont 14 Ha de vigne). Le montage présenté prévoyait l’achat du Domaine de La Croix (172 Ha, dont 82 Ha de vigne), par un investisseur privé, donnés à bail à un groupement de professionnels qui devait financer les investissements par emprunt.
  • La protection du Domaine de la Bastide Blanche comportait deux garanties très fortes: Il est en « site classé » qui s’étend sur une partie importante du Cap Lardier. La zone agricole est classée en protection agricole renforcée NC a.
  • La protection du Domaine de La Croix était plus fragile, inscrite seulement en « site inscrit ». C’était cette partie qui devait être acquise par un investisseur privé, non professionnel.

L’Association a conduit une longue et confiante réflexion avec les organisations professionnelles. Elle a pris position en faveur de solutions qui garantissent la renaissance et la pérennité de la vigne sur ces domaines et qui en évitent tant la dissociation entre la propriété des terrains et l’exploitation que le morcellement. .

Finalement, le groupe Bolloré a racheté l’ensemble des deux domaines, vignes et bois, en s’engageant à créer un domaine viticole de haut niveau, en AOC Côte de Provence, qui soutienne sa qualification parmi les cinq “Crus Classés” en vin de Provence

L’opinion recueillie auprès des viticulteurs voisins est que le programme de renaissance du vignoble est conduit avec beaucoup de professionnalisme.

L’Association est attentive au bon déroulement de ce programme de rénovation et à la nécessaire réorganisation des bâtiments d’exploitation. Il lui appartiendra de veiller à ce que cette rénovation s’intègre dans les sites et paysages et respecte les prescriptions du POS et de la loi Littoral, notamment en ce qui concerne le lien direct des logements avec la nécessité de l’exploitation.

A moyen et long terme, elle devra être vigilante pour éviter toute dérive qui menacerait le caractère agricole ou boisé de ces terrains par des opérations de spéculation foncière.